Dépasser les Blocages de Vie: Les Trois Niveaux de Conscience

Quand la vie semble s'enrayer: comprendre nos blocages de vie

Qui ne s'est jamais retrouvé confronté, tôt ou tard, à un blocage de vie majeur? Vie amoureuse qui s'effrite, situation professionnelle devenue insupportable, finances dans le rouge, amitiés décevantes, angoisses chroniques ou sentiment persistant d'insécurité – ces obstacles peuvent jalonner notre parcours et nous donner l'impression d'être prisonniers d'un labyrinthe sans issue.

En tant que kinésithérapeute psycho-corporelle, j'observe quotidiennement comment ces blocages de vie ne se manifestent pas uniquement dans notre psychisme, mais s'inscrivent profondément dans notre corps. Tensions chroniques, respiration superficielle, posture fermée – le corps ne ment jamais et reflète fidèlement nos impasses intérieures.

Ce que j'ai découvert au fil de ma pratique et de mon propre cheminement, c'est qu'il existe différents niveaux de lecture de nos blocages de vie. À chacun de ces niveaux correspond une stratégie, une mise en action. Certaines approches nous enfoncent davantage et épuisent notre énergie vitale, tandis que d'autres nous libèrent progressivement.

Tant que je n'avais pas saisi cette dynamique des niveaux de conscience, je restais enfermée dans un labyrinthe de souffrance et d'incompréhension. Si c'est votre cas aujourd'hui, je vous invite à explorer avec moi les trois niveaux de lecture qui peuvent transformer votre relation aux blocages de vie.

Mon parcours: des impasses à la libération

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai connu plusieurs vies au sein de cette vie. Des phases où, avec élan et enthousiasme, je me suis engagée en toute bonne foi dans des impasses. J'ai suivi les normes établies jusqu'à l'étouffement. J'ai écouté mon instinct pour devoir parfois rebrousser chemin. Il m'est arrivé de fuir des situations apparemment prometteuses ou de repartir à zéro alors que tout semblait me sourire.

Il m'a fallu accumuler un nombre considérable d'expériences déplaisantes pour accepter enfin de ne plus "vouloir avoir raison" sur ma vie – c'est-à-dire pour m'ouvrir à d'autres niveaux de lecture de la réalité. J'ai dû faire exploser mes schémas réactionnels habituels et réévaluer mes croyances sur la "normalité" qui n'étaient finalement que des illusions. Plus difficile encore: accepter que même en étant persuadée de "faire ce qu'il faut", je pouvais être complètement à côté de l'essentiel.

Ce cheminement m'a conduite à identifier trois niveaux distincts de conscience face aux blocages. Ces niveaux ne sont pas uniquement conceptuels – ils s'incarnent dans notre conscience corporelle et transforment profondément notre rapport au monde. Explorons-les ensemble.

Premier niveau: Action-Réaction – le corps en lutte

Ce premier niveau de lecture était celui que j'adoptais systématiquement face à toute difficulté.

Un problème? Une contrariété? Une peur? Un conflit? Et instantanément, j'étais sens dessus dessous. Agitée physiquement et mentalement. Cette agitation provenait de mon besoin impérieux de contrer les faits, de tirer mon épingle du jeu, de trouver le moyen de "faire plier" le problème pour retrouver ma paix antérieure.

Concrètement, lorsque la vie appliquait une force sur moi via une situation ou une personne, je m'employais à y répondre par une contre-force équivalente ou supérieure. C'est l'essence même de la lutte. Et comme les difficultés sont généralement multifactorielles, je me retrouvais en conflit permanent avec presque tout.

À 20 ans, cette approche est gérable. On se bat, on cherche à convaincre, on projette un idéal et on s'efforce d'orienter sa vie dans cette direction. Les enjeux existent, mais le niveau de responsabilité reste modéré. La situation se complique considérablement à 30 ans, lorsque s'ajoutent carrière professionnelle, charges financières et potentiellement des enfants.

Demeurer à ce niveau de lecture, c'est ne percevoir que les murs du labyrinthe. On tente une direction, puis une autre, on revient sur ses pas en espérant que le prochain passage sera le bon. Mais on reste fondamentalement aveugle, guidé uniquement par notre intuition immédiate et notre réactivité. La peur de ne jamais trouver d'issue devient omniprésente.

Les manifestations corporelles du premier niveau

Dans ma pratique de kinésithérapie psycho-corporelle, je constate que ce premier niveau se manifeste physiquement par:

Une tension musculaire chronique, particulièrement dans les épaules, la nuque et la mâchoire
Une respiration superficielle et souvent retenue
Une posture défensive, comme prête au combat
Des mouvements saccadés et rapides
Une tendance aux troubles digestifs et aux maux de tête

Plus les responsabilités augmentent, plus il devient difficile de maintenir ce rythme d'action-réaction. Le corps lui-même finit par protester. Pour éviter les angoisses et la panique, certains choisissent de sacrifier leur vie familiale ou amoureuse. D'autres abandonnent leurs ambitions professionnelles pour se consacrer exclusivement à leur foyer.

La charge mentale devient tellement écrasante qu'on ne se sent plus capable d'affronter d'autres problèmes que ceux déjà vécus. Pourquoi? Parce qu'à ce niveau, tout est systématiquement attribué à la malchance, aux autres et à leur incompréhension, ou au monde qui "tourne n'importe comment". Les riches, les pauvres, les différentes ethnies, les genres, les gouvernements, la politique, les parents – tout ce qui est extérieur à soi devient potentiellement problématique.

À ce stade, l'extérieur est perçu comme une menace qu'il faut soit éviter par l'anticipation, soit affronter par la lutte.

On s'enferme alors dans une routine quotidienne, entrecoupée de plaisirs immédiats (vacances, sorties, achats, divertissements) qui servent de soupapes. On recherche tout ce qui peut renforcer temporairement notre sentiment de valeur personnelle: relations sexuelles pour ressentir notre pouvoir d'attraction, humour pour capter l'attention, tendresse pour nous sentir importants, "coups" financiers pour prouver notre débrouillardise, petites transgressions pour affirmer notre indépendance, possessions matérielles pour signaler notre statut.

Puis, inévitablement, survient un moment où l'on se sent vide, où la vie nous appelle à découvrir autre chose. Un déclic nous fait réaliser que nous nous sommes perdus de vue.

Ce déclic peut prendre diverses formes: difficulté financière soudaine, prise de poids significative, symptôme physique inquiétant, conflit ouvert, menace sur le couple ou l'emploi. Un événement qui nous réveille brutalement. À ce moment critique, il devient impératif de changer de niveau de lecture si l'on veut éviter de sombrer dans l'impuissance qui mène à la dépression.

Deuxième niveau: L'activisme et le polissage du moi – le corps discipliné

À ce stade s'ouvre le vaste monde du développement personnel. Comme Walt Disney l'affirmait: « Si vous pouvez le rêver, vous pouvez le faire ». C'est le niveau où j'ai personnellement passé le plus de temps, fascinée par cette nouvelle compréhension: je pouvais reprendre du pouvoir sur les événements extérieurs, les modifier et les contrôler. Une révélation qui s'est pourtant avérée être une autre forme de piège.

Après avoir traversé la phase d'action-réaction dont j'étais sortie fragilisée, anxieuse et déprimée, j'ai cru comprendre que je pouvais exister en réalisant pleinement mes potentiels non conscients. En tant qu'être humain, j'étais capable de devenir ma plus belle réalisation et d'exprimer la version idéale de moi-même.

Au lieu d'avoir le regard rivé sur les murs du labyrinthe, je pouvais, en m'entraînant suffisamment, sauter assez haut pour voir au-dessus d'eux. Et avec encore plus de détermination, de volonté et de discipline, je pourrais même obtenir une vue d'ensemble du labyrinthe et peut-être apercevoir directement la sortie!

La condition sine qua non pour y parvenir était d'accepter que je n'étais pas "assez" et que d'innombrables chantiers m'attendaient, nécessitant un travail acharné. Heureusement, un arsenal de solutions s'offrait à moi: entraînements, coaching, recettes, programmes, formations et techniques diverses pour me perfectionner.

Je me suis donc appliquée avec zèle: exercice physique intensif, alimentation stratégique, compléments nutritionnels, optimisation du sommeil, hydratation maximale. Tout cela pour disposer de l'énergie nécessaire pour travailler sur mes émotions, mes valeurs, mes relations, ma communication, ma posture, mon apparence. Chaque aspect de mon existence devait être optimisé, organisé, planifié, décidé – avec enthousiasme et détermination!

À force d'efforts, j'ai conclu que l'action-réaction était pour les faibles. Face à une situation désagréable, ma réponse ne devait plus être proportionnée au désagrément mais radicale: éliminer préemptivement les personnes potentiellement problématiques, m'entourer exclusivement de "gagnants" et modéliser ceux que je jugeais supérieurs.

J'ai redéfini ma relation au travail et à l'argent, considérant la vie comme un grand buffet où il fallait se servir sans attendre que quiconque nous serve. Je suis devenue "mentalement forte" et "émotionnellement stable" en créant un environnement contrôlé autour de moi.

Les manifestations corporelles du deuxième niveau

Ce deuxième niveau de conscience se traduit corporellement par:

Une posture droite mais souvent rigide et contrôlée
Des mouvements précis mais parfois mécaniques
Une respiration régulière mais superficielle
Un corps "performant" mais déconnecté de sa sensibilité profonde
Une apparence soignée mais qui peut manquer d'authenticité

En apparence, les blocages de vie semblaient aplanis. Grâce à ma proactivité, je me frayais un chemin. Une forme de sérénité s'installait – je subissais moins d'influences extérieures, mais je m'imposais une discipline implacable.

Ma sensibilité s'est progressivement érodée au profit d'un mental dominant qui prenait parfois des allures prédatrices. Cette diminution de sensibilité me "protégeait" de toute sensation véritable.

Cette phase s'est révélée tout aussi douloureuse que la première, mais elle me donnait bonne conscience. J'atteignais une forme de calme en m'imposant une discipline censée éliminer les tensions. Il s'agissait fondamentalement d'une domination de soi qui ne menait nulle part. Ce qui semblait être de l'ordre masquait en réalité le désordre croissant de forces refoulées.

Le processus commence typiquement par une nervosité banale, suivie de sautes d'humeur généralement contenues pendant les heures de travail mais qui empoisonnent la sphère familiale.

Jusqu'au jour où la soupape explose et où l'on perd toute maîtrise pour une broutille. Le bel édifice de la personnalité, le moi soigneusement poli, révèle alors toute sa fragilité. Insomnies, irritabilité, épuisement et agitation incontrôlée forment le cortège de cette décompensation. La vie se bloque à nouveau, avec son lot de problèmes.

À qui la faute? Le mécanisme d'auto-justification intervient immédiatement, rationalisant l'échec en voilant ses causes profondes. Le refus d'admettre ses torts et de perdre la face constitue l'ultime résistance qui épuise nos dernières réserves énergétiques.

Lorsque l'épuisement atteint son paroxysme, le moment est venu de passer au troisième niveau de lecture. Pourquoi? Parce que nous n'avons plus la force de lutter contre nous-mêmes.

C'est à ce moment qu'une voix intérieure, profondément enfouie, nous murmure que nos difficultés ne proviennent pas uniquement des contraintes professionnelles et des obligations objectives, mais de quelque chose de bien plus fondamental.

Troisième niveau: La fin de la personnalité – le corps libéré

Ce troisième niveau de lecture m'a apporté d'innombrables réponses et m'a libérée de nombreuses tensions. C'est le stade que je continue d'explorer aujourd'hui, car le processus de désapprentissage des schémas antérieurs prend du temps. Les vieux réflexes et "démons" resurgissent régulièrement, la vie semblant déterminée à nous en débarrasser définitivement pour nous permettre d'accéder à l'authentique sérénité.

L'essentiel est de s'ouvrir à ce niveau de conscience. Il s'agit d'abandonner cette résistance qui nous empêche d'admettre, même face à nous-mêmes, nos propres failles et faiblesses, de descendre du piédestal sur lequel nous nous sommes placés – non seulement vis-à-vis des autres mais surtout vis-à-vis de nous-mêmes.

Cela implique de renoncer à notre "politique de prestige personnel" dans chaque domaine de notre existence.

En embrassant ce troisième niveau de conscience, nous comprenons que pour transcender les blocages de vie, notre tâche la plus ardue consiste à renoncer à nous-mêmes – au désir de nous mettre en avant, à l'exigence que le monde corresponde à nos attentes. Nous devons abandonner notre acharnement à défendre les positions que nous avons conquises et l'image que nous nous sommes forgée.

Les manifestations corporelles du troisième niveau

En kinésithérapie psycho-corporelle, je constate que ce troisième niveau se manifeste physiquement par:

Une posture naturellement alignée sans effort apparent
Une respiration profonde et libre
Des mouvements fluides et adaptés à chaque situation
Une présence corporelle authentique
Un visage expressif mais détendu
Une voix résonnante et modulée selon les circonstances

La prédominance du moi, de la personnalité, du petit ego constitue la racine des forces qui nous privent de notre sérénité véritable. C'est uniquement notre personnalité limitée qui nous fait croire que notre vie est bloquée.

Car au-delà de cette personnalité, de la façade que nous présentons au monde, réside notre force authentique, notre indépendance face aux influences extérieures et notre présence inébranlable devant les défis de l'existence.

C'est dans la profondeur de notre être que naît notre inaltérabilité, indépendante de tout pouvoir extérieur ou de l'approbation d'autrui.

Cette troisième manière de lire la vie s'articule autour de notre vérité personnelle vis-à-vis de nous-mêmes. C'est ce qui nous confère notre souveraineté, notre présence rayonnante.

À ce stade, la sérénité qui émane d'un être humain ayant accepté son destin au lieu de le combattre est profondément bienfaisante.

Il s'agit d'une sérénité complète et profonde, qui nous libère de toute tentation de nous blesser nous-mêmes ou de blesser autrui. Qui nous détourne de tout acte dirigé contre nous-mêmes ou contre les autres. Qui nous dispense de feindre d'être ce que nous ne sommes pas.

Cette sérénité libératrice permet aux autres d'être authentiquement eux-mêmes et de développer leurs facultés créatrices sans que nous cherchions à les posséder, les diriger ou les contrôler.

La sagesse du corps: retrouver la fluidité

Comme l'exprime si justement Karlfried Graf Dürckheim: "Le gaspillage des forces, dû au mensonge des fausses prétentions est évité. Seul le développement d'une vie active, celle qui n'est pas seulement le résultat d'une volonté planifiante, et ne tire pas sa loi des exigences du moi, mais plutôt de la profondeur mystérieuse de l'Être, produira cette durée d'une œuvre qui n'appartient jamais à une forme définie, mais seulement à une formule fructueuse de la vie, correspondant à la grande loi du souffle de la création."

Ce que j'ai progressivement compris, c'est que chaque blocage de vie représente un tremplin pour abandonner la lutte et mon besoin d'avoir raison.

Plus je m'accroche à ce que je crois "devoir être" – pour moi-même ou pour mes situations de vie – plus je m'expose aux blocages de vie. En revanche, plus je laisse mon Être profond me guider, même lorsque cela contredit les aspirations de ma personnalité, plus je ressens calme et sérénité. La vie m'offre alors des opportunités inattendues et me fait découvrir des territoires que je n'aurais jamais imaginé explorer.

Le rôle de la kinésithérapie psycho-corporelle dans ce processus

Dans ma pratique thérapeutique, j'accompagne mes patients à travers ces trois niveaux de conscience en travaillant simultanément sur le corps et l'esprit:

Au premier niveau, nous reconnaissons et relâchons les tensions réactives, nous apprenons à respirer plutôt qu'à retenir
Au deuxième niveau, nous assouplissons la rigidité du contrôle, nous réintroduisons la sensibilité dans un corps discipliné
Au troisième niveau, nous cultivons l'écoute profonde du corps comme voie d'accès à l'Être authentique

Le corps devient ainsi non seulement le révélateur de nos blocages de vie, mais également le véhicule privilégié de notre libération.

Conclusion: au-delà du labyrinthe

Pour libérer vos blocages de vie, je vous invite à lâcher la lutte et à permettre à la vie de vous révéler un chemin plus harmonieux. Sortez enfin du labyrinthe en confiant la guidance à votre Être intérieur qui possède une vision globale de votre situation. Il réside dans l'éternel présent, connaît votre passé, votre présent et votre futur, et sait exactement quel parcours vous permettra d'émerger des difficultés.

Activez votre réceptivité intérieure et écoutez cette petite voix qui vous guide. Suivez votre intuition profonde – c'est votre Être qui vous conduit vers la fluidité, même si votre ego proteste, même si votre personnalité ne comprend pas. Faites confiance à cette sagesse intuitive; tout le reste n'est que projection et illusion.

Cet article explore les trois niveaux de conscience face aux blocages de vie et propose une approche intégrative pour retrouver la fluidité. La kinésithérapie psycho-corporelle offre des outils pratiques pour accompagner ce processus de transformation en travaillant simultanément sur le corps et l'esprit.

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